Immigration clandestine : pourquoi je veux aller en mer

Article : Immigration clandestine : pourquoi je veux aller en mer
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12 novembre 2012

Immigration clandestine : pourquoi je veux aller en mer

Depuis quelques temps le phénomène de l’immigration clandestine a pris de l’ampleur en Afrique, au Sénégal en particulier. Beaucoup de gens s’y aventurent  à la quête d’une vie meilleure.

Je me pose souvent ces questions : dans quelle condition vivent ces jeunes ?  pourquoi décident- ils de s’aventurer en mer à leur risque et péril ?

Les réponses viennent toutes seules surtout quand tu vis presque dans la même situation qu’eux. Dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 octobre, juste après la fête de la tabaski, deux pirogues remplies de candidats à l’immigration clandestine ont chaviré au large d’une ville portuaire du Nord-Est du Maroc. Il y a eu 72 morts parmi eux  31 sénégalais dont trois filles.

Je me rappelle, il y a deux jours, un ami et camarade de classe est venu me voir. Il me disait que chaque matin, il a de la peine à prendre le petit déjeuner car à trente ans c’est toujours sa mère qui débourse de l’argent pour. De ce fait, il quitte très tôt chez lui et ne revient que le soir. Combien de jeunes vivent pareille situation ? Combien de jeunes étudiants diplômés sont au chômage, ces derniers ont du mal à se payer le petit déjeuner malgré leur niveau d’étude. Ils ont honte à un certain âge de dépendre encore des parents.

Les jeunes ont tenté de faire beaucoup de choses, du petit métier moyennement rémunéré, mais hélas ils ne parviennent pas à racoler les fins du mois. Un terrible problème qui touche les jeunes diplômés mais aussi les jeunes pêcheurs.

Kayar, Thiaroye, M’Bour  toutes ces cités côtières ont perdus beaucoup de leur progéniture. Une progéniture qui rêvait d’une vie meilleure, d’une vie saine pour leurs parents.

Tous ces rêves se sont brisés et les cœurs des parents blessés car la majorité de ces candidats à l’immigration ne reviennent jamais.

Lucile Aichatou N’DIAYE

 

 

 

 

 

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Commentaires

serge
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ça rappelle l'excellent film sénégalais, "pirogue"...

Aphtal CISSE
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Sur des sujets sensibles comme celui-ci, il m'est souvent difficile de me prononcer objectivement, sans y meler sentiment, car cette situation, ce mal-être, ces hontes, ces peines, elles sont également miennes! Mon grand-frère en souffre. J'en souffre; Et peut-être que mon jeune frère en souffrira; sa souffrance sera peut-etre plus dramatique que la notre, car, nous, nous avons fait une croix sur la honte pour continuer de mendier auprès de nos parents encore actifs. Qu'adviendra t-il d'eux à la retraite, ou à la disparition des parents? Oh jeunesse meurtrie!
Cordialement, Aphtal CAYAMAGA

electron
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beaucoup s'en vont mais ne reviennent pas... on ne va jamais définitivement. on ne reste jamais éternellement. il y a toujours quelque chose qui reste à quai...
belle plume.