« Le Cinéma Sénégalais ne se porte pas mal »

Article : « Le Cinéma Sénégalais ne se porte pas mal  »
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4 janvier 2013

« Le Cinéma Sénégalais ne se porte pas mal »

Moussa Sene Absa

Le cinéma sénégalais ne va pas si mal que ça. C’est du moins la conviction de Moussa Sène Absa. Le cinéaste s’est exprimé  à Nguékokh pense plutôt que les problèmes du Sénégal sont à chercher ailleurs que dans la production.

 

«Le cinéma n’est pas plombé. Il se porte pas mal. C’est la diffusion qui pose problème. Les films existent, mais on ne les voit pas. On empêche à la limite de les faire voir.» C’est l’avis exprimé, à Nguékokh, par Moussa Sène Absa. Le cinéaste assistait au lancement du Cinéclub de Nguékokh. Et Moussa Sène Absa ne manque pas d’arguments. Il explique : «Toutes les salles sont fermées et les télévisions ne jouent pas le jeu en montrant le film sénégalais.»

 

Parlant de ce qu’aucun qualifie de léthargie du secteur cinématographique au Sénégal, Moussa Sène Absa poursuit et regrette : «C’est rare de tomber sur un film africain sur le câble. Pourtant, on a des films hindous, américains, français sur toutes les chaînes du monde.» Et de s’interroger alors : «Où sont les films africains ?» «C’est à nous de montrer nos films qui ont obtenu tous les prix, partout dans le monde.» Aussi le cinéaste rappelle-t-il les grandes reconnaissances obtenues au festival de Carthage, avec le film de Moussa Touré ou encore les œuvres d’Alain Gomis, William Mbaye… Pourtant, dit-il, «ce n’est pas quelque chose de nouveau. Que ce soit Sembène, Djibril Diop Mambety, Félix Samba Ndiaye, Dionson Traoré, Ababacar Samb Maharam, Ben Diogoye Bèye, ils ont tous marqué le cinéma pas seulement de ce continent, mais ce sont des films qui existent partout dans le monde sauf au Sénégal».

 

A en croire Moussa Sène Absa, le Sénégal a eu les premiers films en Afrique et ses cinéastes ont toujours été des pionniers dans le métier. «Il est grand temps que notre public se reconnaisse dans notre cinéma et aille voir nos films. Mais il faut des endroits pour les voir. Je pense qu’il faut retourner à la base pour changer cette mentalité», a soutenu le cinéaste. Selon lui, il faut rééduquer le Sénégalais afin de le réconcilier avec le cinéma. «Il faut qu’on rende le cinéma disponible et qu’il soit visible pour que quand on va quelque part et qu’on parle de Madame brouette, Tableau ferraille, Hyène ou Un amour d’enfant, les gens sachent de quoi on parle», dit-il. Parce que, poursuit Moussa Sène Absa, «on ne peut pas aimer ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on ne voit pas».

 

«Actuellement, il y a des jeunes qui n’ont jamais été dans une salle de cinéma. C’est inadmissible, parce que le cinéma fait partie de notre patrimoine, de notre culture. Nous sommes une société d’images, même nos langues sénégalaises sont très imagées», a-t-il encore expliqué. Ce qui lui fait dire qu’il faut que les Sénégalais aient l’habitude de voir des films sénégalais. De son avis, cela doit faire partie de leur cursus initiatique. «Il faut qu’on apprenne à nos jeunes que le cinéma fait partie de notre culture et que c’est un moyen formidable d’éducation. Dans les écoles, les collèges, les lycées, et dans les universités, il faut qu’il y ait des cinémathèques, pour donner à notre cinématographie des possibilités de se développer.»

 

Et pour ce faire, Moussa Sène Absa appelle les municipalités à se doter d’endroits où les jeunes peuvent regarder tous les films sénégalais. «Souvent les cinéastes sénégalais ne peuvent pas travailler dans les meilleures conditions comme nos voisins du Burkina Faso, du Maroc et de la Tunisie», s’est-il désolé.

 

LUCILE AICHATOU

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